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La France a été gouvernée pendant 51 jours par un gouvernement démissionnaire. La Belgique a connu cette situation pendant 541 jours, mais son système politique se distingue par le rôle fort des partis et le souci du compromis.
En tant que politologue et citoyen belge, quel regard portez-vous sur la séquence électorale (européennes, législatives, nomination d’un Premier ministre) qui s’est jouée en France, pays qui s’est souvent vanté de la stabilité de son régime politique, par comparaison à celui de ses voisins ?
Benjamin Biard - Tout d’abord, sans doute à l’instar de très nombreux Français, c’est un sentiment de surprise qui a dominé lorsque, le 9 juin au soir, le président Macron a annoncé sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale.
Bien sûr, l’absence de majorité absolue depuis juin 2022 permettait d’anticiper une dissolution. Mais sans doute pas à ce moment-là, alors que les Macronistes sont sortis affaiblis du scrutin européen et que la figure principale qui avait réclamé une telle dissolution était Jordan Bardella, le président du Rassemblement national. Depuis, en Belgique, on a observé avec beaucoup d’intérêt les tentatives de former un gouvernement. Mais au moins deux éléments majeurs me semblent avoir compliqué la donne.
Le premier concerne le rôle du président de la République qui, à l’inverse du roi en Belgique, n’est pas tenu à un devoir de réserve, de neutralité. Le souverain belge a peu de marge de manœuvre et il fait quasiment ce que le monde politique lui dicte. La position d’Emmanuel Macron est différente : il est à la fois médiateur et acteur majeur de la situation.
« En Belgique, la culture du compromis dépasse largement le cadre des seuls acteurs partisans. »
Le deuxième élément porte sur la culture politique de la Ve République. La recherche du compromis est beaucoup moins présente dans l’ADN de la vie politique française qu’elle ne l’est en Belgique. On se souvient notamment du discours de Jean-Luc Mélenchon (LFI), au soir du second tour des élections législatives, le
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