« Je trouve important de faire des choses là où on vit », explique d’emblée Sandra Reinflet, 43 ans. Elle vit depuis sept ans à Saint-Denis, au nord de Paris, et c’est dans cette ville et aux alentours qu’elle réalise une partie de son travail. La série « Nouvelles reines » incarne cette volonté. Exposée en plein cœur de Saint-Denis dans la basilique cathédrale, du 19 septembre 2024 au 27 avril 2025, elle met en scène 31 femmes qui, par leur parcours de vie et leur résilience, ont forcé l’admiration de la photographe.

Alors qu’elle travaille sur un autre projet, Sandra Reinflet est interpelée par l’immense décalage qu’elle constate entre ce qui se passe à l’intérieur de la basilique Saint-Denis et « tout ce qui se passe sur le parvis ». Dedans, des touristes du monde entier venus admirer les gisants de Clovis, Dagobert et autres rois de France.

Dehors, des Dionysiens et Dionysiennes de tous horizons vaquent à leurs occupations quotidiennes : des enfants improvisent une partie de football contre les grilles de l’église, des amis sirotent une limonade, une bière ou un café sur la place, des mères de famille rentrent cuisiner après avoir fait les courses au Carrefour voisin, d’autres reviennent de l’école, leurs gamins sous le bras ou sur une trottinette, des gens courent à un RDV à la mairie...

Parmi eux, rares sont celles et ceux qui se sentent autorisés à entrer dans l’édifice sacré, qui renferme les sépultures de 32 reines de France. Ce sont pourtant ces habitants de Saint-Denis, d’Aubervilliers et des villes voisines que Sandra Reinflet fréquente lors des projets qu’elle entreprend sur le territoire.