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Dans un quartier prioritaire de la politique de la ville, des femmes se retrouvent au sein de l’association Diarama pour recréer des solidarités familiales. Une expérience d’émancipation individuelle et collective.
En juin 2019, cinq habitantes d’un quartier populaire de la région Centre-Val de Loire décident de créer Diarama1, une association pour proposer l’accueil qu’elles auraient aimé recevoir lors de leur passage par différentes organisations d’aide sociale. Elles inscrivent la phrase suivante, en lettres majuscules et en gras, dans la charte de l’association comme principe unificateur : « Diarama, c’est une famille. »
Dans les structures d’aide alimentaire, les catégories mobilisées sont souvent celles de « bénéficiaires » et de « bénévoles ». Or, Rahma, la fondatrice de Diarama, refuse l’usage de ces termes au sein de l’association : « Moi, j’ai ressenti cette bulle de honte lorsque tu viens chercher un colis alimentaire. Je ne veux pas faire ressentir ça aux femmes de l’association. »
Rahma dresse un portrait négatif de certaines personnes bénévoles ou salariées de ces organisations, qui « parlent aux bénéficiaires de manière dénigrante », qui les « minimisent » en leur faisant se sentir « responsable de [leur] situation [de précarité] ». Elle dénonce une solidarité factice et la violence symbolique de n’être qu’un simple « numéro » aux yeux des personnes bénévoles ou salariées du social.
Les fondatrices de Diarama défendent un cadre « familial », qui permet de s’éloigner d’une relation d’aide classique.
Marie, amie de Rahma et présidente de Diarama, insiste sur « l’esprit de famille » en expliquant qu’il s’agit de la « seule grande différence » avec d’autres associations : « Quand tu arrives chez Diarama, on dirait une grande famille
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