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Le président argentin d’extrême droite Javier Milei mène la charge contre la production scientifique et, en particulier, les sciences sociales. L’offensive rencontre néanmoins une nette résistance. Entretien.
Les menaces actuelles sur les libertés académiques en Argentine sont-elles seulement liées à l’arrivée à la présidence de Javier Milei ?
Nuria Giniger - Le changement a été brutal. Sous la présidence de Mauricio Macri [2015-2019, ndlr], l’exécutif s’est parfois montré très offensif vis-à-vis des chercheurs et des universitaires, mais pas au même degré qu’aujourd’hui. Nous pouvions encore résister. Au Conicet, l’équivalent argentin du CNRS, nous n’avons connu à l’époque aucun plan de licenciement.
Cette fois-ci, 140 de nos employés administratifs, soit 10 % des effectifs de ce secteur, ont dû quitter leur emploi. En tout, le Conicet compte environ 30 000 salariés répartis dans toutes les provinces du pays. Ensuite, les bourses doctorales ont été réduites de plus de la moitié, passant de 1 300 à 600 pour toutes les disciplines. Enfin, les 850 personnes recrutées l’an dernier sur concours par le Conicet ne peuvent toujours pas accéder à leur poste et les autorités nous assurent qu’elles ne les embaucheront pas.
Il y a donc une volonté politique très claire de paralyser le fonctionnement du Conicet. Cette intention se lit également dans les arbitrages concernant les budgets de recherche. Nous recevons des financements publics pour nos travaux et ils sont désormais réduits ou bloqués. En Argentine, le domaine des sciences et technologies, sur lequel porte nos recherches, traverse donc une crise très sérieuse.
Milei, durant sa campagne, a expliqué que ce que nous, scientifiques argentins, produisons « ne sert à rien ».
Tout ceci intervient dans le contexte du vote au Congrès d’une vaste loi de réforme de l’État, dite « loi omnibus »1, voulue par Milei. Le but de ce texte est de resserrer la structure de l’ad
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