« Comment va s’appeler votre livre ? » La question est posée à Estelle Granet, écrivaine, et Georges Pacheco, photographe, début 2024, quelques mois seulement avant la parution de MĀNOUCHES. Un voyage avec les descendants de Didi et Canette Duville (Images plurielles, 2024). Ils sont sur une aire d’accueil de Voyageurs – une expression que nous préférons à l’appellation administrative « gens du voyage » – avec des personnes photographiées et interviewées pour ce projet auquel ils travaillent depuis 2019.

« Quand on a dit : “Manouches”, reconnaît Georges Pacheco, on nous a répondu : “Ah non ! Manouches, c’est trop utilisé comme une insulte !” » S’ensuit une conversation pour trouver un titre immédiatement compréhensible par le grand public qui pourra être arboré avec fierté par les personnes photographiées. Ce sera « Mānouches », avec un “ā”, prononcé [mãnu∫]. Car c’est ainsi qu’ils s’appellent eux-mêmes.

L’épisode est à l’image de ce projet photographique et littéraire, co-construit de rencontre en rencontre, avec une préoccupation majeure : remplacer les représentations négatives dont les Voyageurs souffrent depuis des décennies par des images et des récits qu’ils auront envie de transmettre. Dans les mots de Georges Pacheco : « Permettre à la famille de se ré-envisager à partir de ce qu’ils ont reçu en mémoire de leurs ancêtres. Reconstituer le puzzle familial et, une fois recomposé, le transmettre à l’extérieur. »

^{©Georges Pacheco}

Émile Duville, dit Didi (1897-1991), et son épouse Eugénie Gaisne, dite Canette (1895-1975), étaient un couple emblématique des Mānouches du centre de la France. « C’était une famille voyageuse trè