Vous avez photographié des femmes ayant un cancer du sein. Ici, ce sont des personnes avec un handicap. Photographier, est-ce une manière pour vous de prendre soin des gens, au-delà du soin du corps ?

Jacques Cohen - C’est en effet un fil conducteur de mon travail. Il y a un lien direct entre les patients, l’image, la maladie et moi. C’est un lien empathique, un lien d’échange. C’est une sorte de travail thérapeutique vis-à-vis de moi-même. Être derrière l’objectif me permet d’avoir une autre concentration que quand je suis avec un patient au cabinet. C’est un travail créatif, un moment où je ne m’exprime pas verbalement.

Le choix de photographier des personnes en situation de handicap est lié à mon parcours professionnel. Comme mes collègues soignants, je suis tout le temps confronté à des pathologies lourdes. Je fais de la photo sociale. Le glamour ne m’intéresse que très peu.

^{Jason David, double champion du monde de cross adapté. © Jacques Cohen}

Malgré tout, vos portraits sont mis en scène et très esthétiques…

Aller chercher en profondeur l’âme d’une personne mérite une belle mise en lumière. Il s’agit de faire des photos flatteuses, de rendre les personnes encore plus belles qu’elles ne le sont. Je tends vers une photographie picturale. Mes références viennent de la peinture et des portraits à l’ancienne.

Votre exposition s’intitule « D’un regard à l’autre ». Qu’est-ce que cela signifie ?

C’est le regard qu’une personne valide porte sur une personne en situation de handicap. J’aimerais qu’en regardant ces portraits, on ait conscience qu’être en situation de handicap est une force.

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