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En un an, les Chiliens ont refusé deux propositions constitutionnelles en totale opposition. Cet exercice du référendum constitutionnel a-t-il été vain ? Il témoigne en tout cas d’une démocratie qui se cherche encore. Reportage.
Quatre ans après l’ébullition sociale du printemps (ici l’automne) 2019 au Chili, les politiques n’ont toujours pas répondu aux attentes des Chiliens. La demande était claire : réforme du système socio-économique, refonte des retraites, santé équitable, sécurité sociale effective et éducation pour tous.
Pour répondre à ces préoccupations, l’adoption d’une nouvelle Constitution destinée à remplacer l’actuelle, héritée de la dictature militaire (1973-1980), apparaissait comme l’issue principale. Après deux tentatives infructueuses1, rien n’est moins certain.
Réformée une soixantaine de fois depuis 1990, la Constitution actuelle « n’est plus celle promulguée par le général Pinochet » en 1980, selon Eduardo Aldunate, docteur en droit et avocat, qui précise : « On lui reproche souvent d’être néolibérale, mais aucun de ses articles ne permet de l’affirmer. C’est une question d’interprétation, surtout au niveau politique. Idem pour le principe de subsidiarité de l’État. »2
« Nous avons gagné, c’est vrai. Mais nous restons avec la Constitution que nous a laissée un dictateur. » (Eno Gajardo, ancien prisonnier politique)
Cet avis est loin d’être partagé partout. Selon Christopher Corvalán, professeur de droit constitutionnel : « Le principe du néolibéralisme, c’est de laisser les acteurs privés se mettre d’accord, et l’État n’intervient pas. C’est ce que l’on observe dans cette Constitution : c’est du néolibéralisme pur et dur. L’idée de droit de la propriété privée comme droit fondamental n’a, par exemple, pas de sens. Ce n’est pas une nécessité généralisable. Tout le monde ne peut pas y avoir ac
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