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Réfugiée en France grâce au soutien de sa fille Valentyna, Dina Peresunko y a bénéficié d’un accueil qui tranche avec celui d’ordinaire réservé aux exilés. Mais le traumatisme reste lourd.
Dina Peresunko est arrivée en France le 10 mars 2022, environ deux semaines après le déclenchement de l’invasion russe en Ukraine. La sexagénaire compte parmi ces sept millions de réfugiés ukrainiens recensés par l’Onu et l’Unicef depuis le début de la guerre. Du 24 février au 22 septembre, près de 63 400 d’entre eux ont été accueillis en France, selon le ministère de l’Intérieur. La majorité se compose de femmes et d’enfants, les hommes étant réquisitionnés ou mobilisés au combat.
Dina ne voulait à aucun prix quitter son village d’Ukraine centrale, situé à 200 kilomètres de Kiev, jusqu’au jour où un avion de chasse a volé « très bas, près de sa maison. Elle a pris peur et a décidé de partir », explique sa fille Valentyna. « On pense que ça se produit toujours ailleurs, pas chez soi. Ma mère a cru qu’on s’apprêtait à bombarder la zone. »
Inquiète, Valentyna installe alors des alertes sur son téléphone portable : « Il sonnait 24 heures sur 24, je ne dormais pas. À chaque sonnerie, je l’appelais pour être sûre qu’elle puisse descendre au sous-sol de la maison. » Vivant seule à la campagne dans une demeure héritée de sa mère, Dina se rend compte, à son corps défendant, que la situation de sa fille établie en France est devenue aussi insoutenable que la sienne.
Croyant échapper aux bombardements, de nombreux Ukrainiens réfugiés dans les villages voisins ont fini par s’y trouver bloqués. « Quand j’ai entendu ça, je me suis dit qu’à tout moment ça pouvait arriver là où vit ma mère », reprend Valentyna. « Aujourd’hui, c’est ici. Le jour d’après, c’est à 100 ou 200 kilomètres. »
Dina fuit le pays par la Moldavie. Sa fille vérifie très régulièrement les files d’attente et l’état d
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