Une histoire de la comptabilité nationale
André Vanoli La Découverte, 2002, 656 p., 38 €Un baroudeur de la comptabilité nationale, praticien réfléchi, rassemble les données de son expérience. Cette « histoire » donne un son bien différent de celui des cours d’histoire de la pensée économique. Le lecteur ne trouvera pas de considérations générales sur le zig-zag du docteur Quesnay, mais un éclairage circonstancié de l’élaboration permanente, depuis les années 1930, de la comptabilité nationale occidentale. Le lecteur comprendra que la comptabilité nationale est une création sociale colorée par un souci politique historiquement situé, d’abord keynésien ; depuis une trentaine d’années, elle est chargée d’assumer, dans l’esprit du Fonds monétaire international, une fonction de veille. Le lecteur sera surpris de constater les difficultés pratiques rencontrées par l’harmonisation internationale des catégories apparemment les plus simples : pour les Anglo-saxons, les « opérations » recouvrent l’ensemble des transactions ; la notion de « revenu », sans parler de la « formation brute de capital fixe », a fortiori celle d’« actif incorporel » sont parmi les plus difficiles à élaborer. Bref, la comptabilité nationale est, comme l’économie qui la nourrit, le fruit d’une interprétation, interprétation au demeurant fort délicate dans la mesure où les habitudes, les pesanteurs institutionnelles et les contraintes administratives interfèrent avec le primat de la rigueur comptable. De quoi rappeler que les statistiques, surtout quand elles ont vocation à appréhender l’économie nationale, ont toujours été et demeurent une affaire d’Etat.
18 juin 2002