L’éthique économique protestante ne se contente pas de développer les fondements théologiques du bien agir ; elle se veut aussi normative – sur ce point, elle n’a rien à envier à la doctrine sociale de l’Eglise catholique. Le bien agir en matière de commerce international croise les mêmes exigences que pour les rapports individuels : respect des personnes, juste prix et rémunération équitable, efficacité qui n’est pas moralement facultative. Mais les relations mondialisées, où se mêlent nations et firmes multinationales, ajoutent une exigence supplémentaire : le respect du devenir écologique autant qu’économique de la planète. D’où l’insistance sur le développement durable, les normes écologiques et les institutions internationales. Le lecteur sera surpris par la forme scolaire de l’ouvrage qui accumule les schémas cachant les contradictions inhérentes à ces problèmes. N’osant choisir entre des problématiques inconciliables, le théologien bâlois juxtapose les catégories morales sans montrer celles qui s’excluent mutuellement : il ne suffit pas de décliner sous le mot éthique le chapelet de l’inventaire… Il faudrait montrer en quoi certaines ne sont que des morales rebaptisées, qui cachent des interdits visant le juste, alors que d’autres visent le bien dans une exigence qui met en œuvre le discernement personnel. Il conviendrait aussi de montrer en quoi l’évolution du commerce mondial reste incompréhensible à quiconque n’intègre pas sa dimension religieuse. Finalement, cet ouvrage a le mérite des notes de cours d’un bon étudiant, notes schématiques à propos de la plupart des auteurs ayant écrit sur le sujet, et des principales positions en présence. Trop analytiques, elles appellent une synthèse qui traduirait l’engagement personnel de l’auteur.