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Protéger et rendre capable. La considération civile et sociale des personnes vulnérables

Benoît Eyraud Érès, 2013, 438 p., 29,50 €

L’auteur commence par présenter l’évolution législative des recours aux mesures judiciaires de protection et les raisons de leur augmentation : 800 000 adultes en France sont concernés aujourd’hui. Il analyse les procédures depuis la demande de protection jusqu’à son éventuelle mainlevée. Mais il rend compte surtout de cinq années d’investigation auprès de 78 personnes protégées, de leurs proches, de professionnels (médecins, magistrats, services sociaux, délégués à la tutelle). Le lecteur peut ainsi mesurer combien la frontière est poreuse entre les handicaps de santé physique ou mentale et les difficultés sociales. Le mandataire, chargé de représenter, d’assister et de contrôler une personne adulte privée de capacité pour l’exercice autonome de ses droits civils, est amené à lui prodiguer assistance et conseils pour qu’elle agisse au mieux de ses intérêts dans de nombreux domaines. La réussite de cette collaboration dépend largement de la qualité des relations humaines et de la confiance mutuelle qui s’instaure plus ou moins bien entre lui et la personne « semi-capable ». La protection judiciaire des personnes vulnérables concernait au départ des personnes internées, puis hébergées. Elle a été peu à peu étendue aux personnes handicapées, puis seulement pauvres, à partir du moment où celles-ci ont bénéficié de droits sociaux et lorsqu’elles étaient présumées incapables de les gérer dans leur intérêt. C’est l’atout de cet ouvrage de bien articuler la protection des biens et celle des individus. Il rapporte de nombreuses appréciations sur la manière dont ces personnes acceptent, tirent parti ou simplement vivent les mesures qui les frappent ainsi que des appréciations des personnels qui ont à les administrer. Au-delà de la thèse de sociologie, dont elle est nourrie, cette recherche est riche d’une vraie réflexion anthropologique et philosophique sur la perte d’autonomie et sur la place des personnes vulnérables dans notre société.

Daniel Fayard
22 mai 2013
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