Fruit d’un colloque à Aix-en-Provence, ces études s’inscrivent dans les nouvelles approches de la sociologie du travail en France. Pour les auteurs (collectif Pratique, Travail Organisation de l’Ehess), il s’agit d’un déplacement du regard sur les pratiques de travail, « ce que font les gens au travail, par eux-mêmes et entre eux », en croisant les approches. Combinant analyse de documents, entretiens et observation, elles engagent une recherche de« plain-pied » pour rendre compte d’une diversité des espaces et des situations au travail. Dans la première partie, l’étude propose des descriptions ethnographiques des « rapports de production », comme le laminoir d’une entreprise sidérurgique, la constitution d’identités collectives dans une entreprise familiale, l’élaboration du« sens pratique » dans les usages du droit par des agents du contrôle de l’immigration, ou les changements du travail dans un atelier. Puis les chercheurs interrogent leur propre parcours et la façon dont ils ont croisé une démarche historique et ethnographique. L’histoire est utilisée alors comme contexte d’une situation, comme un processus de recherche dans la durée, comme outil de comparaison avec d’autres terrains déjà étudiés. Bien peu de recherches entrent d’habitude dans une telle démarche. Cet ouvrage signale un défi et ouvre des perspectives.