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Minerais de sang : les esclaves du monde moderne

Christophe Boltanski Grasset, 2012, 352 p., 19,50 €

Malgré les annonces d’un monde « pacifié » succédant au temps de la guerre froide, les conflits armés ont perduré, avec les conséquences désastreuses que l’on sait pour les populations civiles. En République démocratique du Congo (RDC) par exemple, on estime à plus de 5,5 millions de morts le bilan des affrontements depuis près de seize ans. Christophe Boltanski, grand reporter au Nouvel Observateur, explicite une cause déterminante et pourtant souvent escamotée de cette longue guerre : la capacité à s’autofinancer du pays. En décrivant le voyage de la cassitérite (principal minerai de l’étain) depuis la mine de Bisié jusqu’à nos appareils électroniques et les poubelles à ciel ouvert du Ghana, il montre comment la guerre, l’économie et la pollution sont imbriquées. Tous les belligérants œuvrent pour que perdure l’instabilité, gage de leur prospérité. Tout au long de ce parcours édifiant à travers les réalités de la mondialisation, qui entérine la démission des États devant la puissance des entreprises, on suit le journaliste d’investigation mais aussi l’aventurier déterminé. Comment le lecteur, qui est aussi un consommateur, ne se sentirait-il pas immédiatement concerné par ce qui se joue à l’est de la RDC et dans la région des Grands Lacs ? L’étain est présent partout dans nos biens de consommation (téléphones portables, télévisions, etc.). Cet ouvrage fort éclairant ne pouvait pas prendre en compte les événements postérieurs à l’enquête. Il ignore donc la place de plus en plus importante prise par la « filière chinoise » qui remplace progressivement les entreprises occidentales refroidies par la mobilisation des sociétés civiles

Zobel Behalal
15 mai 2012
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