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Les sentiments du capitalisme

Eva Illouz Le Seuil, 2006, 202 p., 15 €

Une sociologue à l’université hébraïque de Jérusalem dissèque avec finesse le lien subtil entre l’économie de marché et les diverses idéologies psychologiques et psychanalytiques. Les trois conférences rassemblées dans ce volume (traduites de l’anglais par Jean-Pierre Ricard), mettent au jour le basculement des deux pôles, privé et public, de la personne humaine prise dans les rets culturels du capitalisme. Issue de l’humanisme du siècle des Lumières, l’institution du marché n’était à l’origine que le cadre social où se coulaient, disait-on, les sentiments moraux, le respect ou la raison, en un mot le lien social tel qu’il était vu d’Ecosse, d’Allemagne ou de France. Mais le marché, qui n’était qu’un principe d’organisation sociale et non le fondement du vivre-ensemble, a depuis des lustres remplacé le lien social, sous la pression de l’élargissement de l’espace des échanges avec son corollaire, l’incertitude et l’individualisme exacerbé. Comme le note Eva Illouz, l’éthique communicationnelle n’a pas attendu Habermas pour se pratiquer dans les sphères économiques. Car la part de gratuité que suppose le fondement du vivre-ensemble est paradoxalement récupérée par la logique marchande. Au final triomphe la mise en marché des sentiments intimes, des valeurs et des motivations personnelles.

Yann Galenna
6 juin 2012
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