La première partie de ce livre s’appuie sur une enquête par entretiens non directifs réalisée en 1978. Une continuité s’y affirme entre l’appartenance au groupe ouvrier, le sentiment d’appartenir à la classe ouvrière, le rejet du libéralisme et un républicanisme débouchant sur un vote de gauche, notamment communiste. Dans la deuxième partie, d’autres entretiens et 18 enquêtes par sondage réalisées entre 1962 et 2002 font apparaître les changements survenus : reflux du sentiment d’appartenir à la classe ouvrière et, sous l’effet conjugué des ruptures sociales et des déceptions politiques, montée d’une indifférence hostile au système politique et de propensions autoritaires et racistes. L’abstention et le vote Front national progressent. Les analyses des auteurs, tout en faisant voir ce qui est nouveau, invitent à nuancer les jugements sur l’effacement des classes sociales et sur la disparition d’une culture politique ouvrière.