Jésuite français vivant en milieu chinois (Taiwan et Chine populaire), Benoît Vermander part de son expérience pour parler ici des cultures et religions présentes en Chine : grandes traditions autochtones (taoïsme et confucianisme), greffe ancienne du bouddhisme, religions des minorités nationales, christianisme plus récemment importé. C’est surtout à propos de cette dernière religion qu’il reprend la parabole des mandariniers de la rivière Huaï, censés donner un fruit doux et sucré sur la rive sud et, transplantés sur la rive nord, un fruit vert et amer. Que donne le christianisme transplanté en Chine ? B. Vermander ne sépare pas cette question de celle de l’évolution des autres religions et de la société en général en ce début du xxi^e siècle. Il voit se produire un réveil religieux qui prend également des formes nouvelles : essor du qigong, apparition controversée du falungong… Quel est le sens de ce réveil ? Quels en sont les enjeux ? Le débat autour de la religion est fondamentalement un débat entre tradition et modernité, entre « essence » chinoise et usages « occidentaux ». De ce fait, le christianisme, très minoritaire, occupe une place spéciale en Chine. « La possibilité ou non que se développe un “christianisme sinisé ” pose la question plus générale des articulations envisageables entre pensée chinoise et vision du monde occidentale. » La Chine, le christianisme et l’Occident sont également concernés. La question du futur du christianisme en Chine ne se distingue pas de celle du futur des croyances religieuses dans leur ensemble. Vont-elles gérer seulement le monde du privé ou auront-elles quelque chose à dire sur les problèmes sociaux, écologiques, éducatifs au milieu desquels la Chine se débat ? Il est trop tôt pour répondre, mais l’auteur estime qu’on touche là à ce qui frémit au cœur de la société et de la culture chinoises et qui cherche à trouver son expression.