Voici un beau travail de méthode et de synthèse, quasiment un manuel, sur l’« aventure » des budgets participatifs. Partie de Porto-Alegre en 1988, cette expérience vise à associer – au plan local – tout citoyen aux décisions qui le concernent directement, et a essaimé en Amérique latine d’abord, puis dans une centaine de villes européennes. Elle fait l’objet d’une appréciation approfondie par une trentaine d’universitaires européens, sociologues ou économistes. L’ouvrage décortique une multitude impressionnante d’approches et de procédures parmi la centaine de cas connus en Europe – puis propose une grille d’analyse par type de modèle, en relevant le contexte, le cadre de référence et les principaux buts poursuivis (administra tifs, politiques ou sociaux) – pour terminer, au niveau des citoyens/usagers/clients/travailleurs directement concernés, par une synthèse en quatre niveaux de leur rôle et degré d’implication dans la participation aux « politiques publiques ». Ce travail descriptif et méthodologique est porté par l’engagement des auteurs en faveur d’une démocratie « pleinement » participative. Il présente – avec grande honnêteté – les mérites et les limites des expériences en cours, marquées par un décalage fréquent entre l’ampleur des ambitions et la ténuité des résultats concrets. S’il s’agit bien de « démocratiser la démocratie », l’expérience touche plus souvent les méthodes que le fond, son impact en termes de solidarité ou de réduction des inégalités est difficile à apprécier. Elle facilite des processus d’apprentissage vers une démocratie plus vivante, mais va rarement jusqu’à modifier les rapports de pouvoir.