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Le temps du crédit

Jean-Michel Rey Desclée de Brouwer, 2002, 364 p., 22,5 €

Publié dans une collection de philosophie, cet ouvrage relève en fait de l’analyse littéraire. Le prétexte est celui des deux faillites financières qui marquèrent l’aube et le crépuscule du siècle des Lumières: la faillite de la banque royale de John Law en 1720, celle des assignats révolutionnaires au cours de la décennie 1790. L’auteur cherche dans la littérature de l’époque, puis dans celle du xixe siècle, de Goethe à Péguy en passant par Mallarmé, Bloy, Alexandre Dumas, Michelet, les traces laissées par ces expériences prophétiques quoique couronnées par l’échec. Le fil rouge qui unit ces auteurs disparates est l’idée finalement assez banale selon laquelle l’argent a pris, au xviiie siècle, la place de la religion chrétienne comme symbole du lien social. Le vocabulaire en témoigne, les mille analyses de l’auteur le confirment au point de souligner les notions d’incarnation, d’hostie, de transsubstantiation à côté des rapprochements plus habituels: le fiduciaire et la foi, le crédit et la croyance. Outre le foisonnement des références où le lecteur se perd un peu, le livre aurait gagné à prendre au sérieux l’hypothèse qui le fonde. Là où l’auteur ne voit qu’un jeu un peu formel, il laisse de côté la dimension proprement religieuse de l’expérience monétaire. Du coup, il s’interdit de penser les phénomènes financiers, et se condamne à rejeter dans les ténèbres de l’incohérence ce qui relève d’une profonde logique du monde symbolique.

Yann Galenna
4 juin 2012
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