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Le risque ou le care ?

Joan Tronto Puf, 2012 (traduit de l’américain par Fabienne Brugère), 50 p., 6 €

Dans ce bref essai, l’auteure, qui enseigne à l’Université du Minnesota, compare deux théories sociales et politiques contemporaines, celles de la « société du risque » et de la « société du care ». La première décrit une phase de la modernité, où les risques sont devenus incalculables et imprévisibles, donc non maîtrisables (réchauffement climatique, maladie de la vache folle, bactérie E-coli…). D’où une « banalité de l’anxiété » (Ulrich Beck) qui ébranle les fondements mêmes de l’État-nation, de l’État-providence, de l’économie nationale, voire de la démocratie parlementaire. Pour Joan Tronto, elle correspond à une vision masculine, construite autour de la nostalgie d’une « protection », d’un contrôle aujourd’hui perdu. À cette impuissance, elle oppose le « prendre soin » (caring). Le care n’est pas seulement un sentiment ; c’est un ensemble complexe de pratiques. Il permet surtout de décrire et de penser le pouvoir politique. Relationnel, il reconnaît que tous les humains sont interdépendants, vulnérables et fragiles, tour à tour receveurs et donneurs de care. Contextuel et non essentialiste, il se doit d’être démocratique (ce qui n’est pas toujours le cas) et non exclusif. L’idée du risque y est incluse, mais doit se comprendre en insistant sur la responsabilité. Le care nécessite de composer en permanence avec la vulnérabilité et le besoin, il permet aussi, parfois, l’expérience de la joie. Cette approche offrirait, pour Joan Tronto, une plus grande emprise sur les phénomènes sociaux, une explication plus concrète sur la nature des actions démocratiques et des changements nécessaires. Un petit livre féministe sur une théorie globale en pleine évolution.

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Camille Renouard
22 février 2013
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