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Le divin marché. La révolution culturelle libérale

Dany-Robert Dufour Denoël, 2007, 338 p., 22 €

Dans un style bavard, Dany-Robert Dufour brode de manière suggestive sur un thème accrocheur, et qui n’est pas nouveau : le marché est le Dieu de la société libérale. Dany-Robert Dufour aurait pu se référer à la sixième Lettre anglaise de Voltaire traitant de la Bourse de Londres. En fait, il y a quelque paradoxe – et beaucoup d’ignorance – à couler le libéralisme dans le concept de religion, son ennemi de toujours, où, selon l’auteur, il rejoint le marxisme, le nazisme et, aurait-il pu ajouter, plus proche de son propos et profitant de la même confusion, la Franc-maçonnerie. Quoi qu’il en soit de ces approximations, le marché est, pour l’auteur, aussi « divin » que le marquis de Sade, et conduit aux mêmes perversités, justifiées dès l’aube du xviiie siècle par le proto psychanalyste (sic) Bernard Mande ville dont La fable des abeilles prétendait que « les vices privés font le bien public ». Ces perversités libérales sont évoquées en forme de dix commandements qui titrent autant de chapitres : Tu te laisseras conduire par l’égoïsme ! Tu offenseras tout maître en position de t’éduquer ! Tu violeras les lois sans te faire prendre ! Tu libéreras tes pulsions et tu chercheras une jouissance sans limite !… Pour se libérer de l’aliénation libérale et de la religion du marché, Dany-Robert Dufour en appelle à Kant. Il est douteux que cela suffise pour se libérer de la religion (libérale ou autre). Car, sans avoir besoin de Schopenhauer ni de Michel Onfray, chacun sait que la pédagogie, tout comme la morale, procède de l’altérité vécue, et non pas de l’idéalisme.

Yann Galenna
13 juin 2008
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