Dans le sous-titre de ce livre, préfacé par Claude Bébéar, il faudrait remplacer le ou par un et, puis remplacer le point d’interrogation par un point d’exclamation, vigoureusement affirmatif ! Le sous-titre ainsi modifié « Ethique et efficacité ! » résume parfaitement l’ouvrage qui s’écarte avec raison des palinodies habituelles où se balancent indéfiniment la morale et l’économie. Avec une rigueur conceptuelle mieux affirmée que dans les précédents ouvrages de Jean-Pierre Audoyer, les auteurs montrent combien les sciences de gestion accaparent inconsciemment la morale utilitariste, coulée dans une philosophie positiviste qui interdit de penser l’économie réelle dans ses contradictions. Chemin faisant, les auteurs épinglent la récupération de l’éthique par une certaine mode managériale, avant de redonner toute sa consistance à la vertu de prudence. Le bien commun qui appelle la responsabilité de tous les membres, est justement distingué de l’intérêt général qui assure, sous la responsabilité des organes directeurs, l’unité organique de l’ensemble. Le lexique est bien venu, quoique le lecteur eût aimé y trouver le discernement qui porte sur les critères de choix. A la conscience éclairée, concept central de la tradition sociale de l’Eglise, pourrait d’ailleurs s’ajouter, dans le champ de l’imaginaire, une analyse du projet, et dans le champ des sentiments moraux, l’empathie, jamais totalement absente des décisions professionnelles. Quoi qu’il en soit de ces prolongements possibles, en focalisant le propos sur le décideur en situation de responsabilité, Jean-Pierre Audoyer et Jacques Lecaillon évitent une utilisation trop moralisatrice de l’éthique sociale chrétienne, et ouvrent la voie d’une éthique de l’efficacité.