Do not follow this hidden link or you will be blocked from this website !
Logo du site

Le crépuscule des frères. La fin de la franc-maçonnerie ?

Alain Bauer La Table ronde, 2005, 170 p., 16,50 €

En perdant son projet politique, la franc-maçonnerie a perdu sa dynamique interne. Lors de sa création au xviiie siècle, la franc-maçonnerie moderne se coula dans le vecteur politique de son temps, le déisme religieux. Au siècle suivant, le tour politique prit la couleur anticléricale. Au xxe siècle, l'aspect social de la politique colorait le travail des frères en ateliers. Aujourd?hui, la franc-maçonnerie se cherche un nouveau vecteur politique. Le travail est urgent comme le montre la pauvreté des débats suscités par les « questions à l'étude des loges ». Alain Bauer, ancien Grand Maître du Grand Orient de France, a parfaitement saisi l'enjeu. Il a compris que l'avenir de la franc-maçonnerie ne réside pas dans les ratiocinations autour des symboles et des rites, pas même dans une approche plus « spirituelle » des questions dites « philosophiques » proposées pour les planches des impétrants. Bref, il veut une franc-maçonnerie politique, et il a raison. Car le diagnostic est sans appel : le nombre total des francs-maçons de part le monde diminue à grande allure (six ou sept millions dans les années 50, un petit million aujourd?hui). Et si la franc-maçonnerie française semble se bien porter (120 000 francs-maçons, toutes obédiences confondues dans les années 80, 140 000 aujourd?hui) l'influence maçonnique n?est plus ce qu?elle était. « Depuis l'affaire Dreyfus, dit Alain Bauer, la plus ancienne obédience française (le Grand Orient de France), jadis si vaillante, a peur d?elle-même et de sa place dans la société » (p. 65). L?auteur en appelle à des prises de position collectives, des propositions politiques, comme jadis « pour libérer la République de la religion ». Le lecteur comprend assez vite que l'ancien Grand Maître du Grand Orient veuille aller plus loin que les pressions parlementaires exercées par les « fraternelles » du Parlement, lorsqu?elles orientaient (dans les deux sens du mot) dans un sens libéral la législation touchant la contraception, l'avortement, le droit de mourir dans la dignité, les sectes et le foulard islamique. Il reste douteux que l'éthique « républicaine », évoquée comme une incantation, suffise pour relever le défi.

Yann Galenna
14 juin 2006
* Champs requis
Séparé les destinataires par des points virgules