Le ton se veut prophétique, et il l’est de par sa dénonciation des derniers avatars de l’urbanisation : injustices sociales exacerbées par une logique libérale aveugle, auxquelles s’ajoutent les désastres écologiques (disparition de la diversité biologique, épuisement des ressources énergétiques fossiles). Ces phénomènes, désormais bien connus, se résument dans la consumation : le monde se consume comme par un feu qui n’est pas celui de l’esprit de sagesse, mais celui de l’argent. Ou plutôt l’être humain consume ses conditions de vie. A l’origine de cette catastrophe annoncée, l’auteur devine une attitude spirituelle qu’il désigne par le mot de monothéisme. Source du machisme et de toute volonté de puissance, le monothéisme triomphe de la sagesse antique fondée sur la dualité homme-femme (dans la tradition judéo-chrétienne), sur la complémentarité des opposés yin et yang mise au jour par le légendaire roi Wen, contemporain chinois de Moïse. Pour éviter le désastre, quelques propositions sont avancées, originales : armée mondiale exclusivement dissuasive (sic), monnaie mondiale, interdiction de toute protection de la propriété intellectuelle, limitation mondiale du droit de procréer à deux enfants par femme, fixation mondiale (par l’Onu, sic) d’un maximum pour les rémunérations et pour les prix des principales matières premières et des denrées de première nécessité. Comme tous les prophètes de la Bible, Alain Dunand ignore les contradictions entre les Etats et les incohérences qui germent du fonctionnement interne des organisations publiques. Pire, il tombe dans les rets de la posture qu’il voulait dénoncer : en imaginant une organisation internationale omnisciente et bonne, il se place dans la position du Dieu unique, qui ne laisse place à aucune altérité. Sous un style de prophète de malheur, Alain Dunand cache tout simplement une idéologie dangereuse.