C’est l’ouvrage d’un magistrat inquiet. Le conflit entre justice et politique se serait considérablement durci lors du dernier quinquennat et il lui semble voir un « champ de bataille ». Le temps politique n’a cessé de s’accélérer, au rythme des faits médiatiques et cherchant de plus en plus à capter les institutions pénales. « Aujourd’hui, on promet une société sans risque et sans danger mais, en attendant, la loi multiplie les infractions, allonge les peines, justifie l’état d’exception. » Aux folles utopies d’une société sans crime, d’un homme totalement rationnel, libre et lucide, d’une justice sans juge, l’auteur oppose des réalisations modestes mais prometteuses, une « utopie bonne ». Denis Salas imagine que le juge soit pleinement reconnu comme acteur de la démocratie. Il s’intéresse aussi à la « justice restauratrice », née en marge des institutions et qui répond à une triple demande de reconnaissance, de vérité et de réparation. Il s’agit d’un livre politique, qui interroge le langage employé. « Prévention », « prédiction », « sécurité » ou « sûreté » sont des mots piégés. L’auteur invite à penser la société du futur. « Un pacte de confiance entre la justice et son public est à créer. Utopie d’aujourd’hui, il sera la vérité de demain. »
25 juin 2012