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La gouvernance : un concept et ses applications

CERI, Guy Hermet, Ali Kazancigil et Jean-François Prudhomme Ed. Karthala, Recherches internationales, 2005, 228 p., sans indication de prix

La « gouvernance » est à la mode. La signification du mot est très variable, en général mal éclaircie, mais le phénomène existe et l’on peut lui voir affecter des attributs proches d’une définition générique, même s’il est essentiellement évolutif. La gouvernance est un mode de gestion de la complexité qui relève à la fois des gouvernements et d’acteurs non-gouvernementaux placés sur le même plan. Elle consiste à gérer les affaires publiques comme si leur traitement ne devait pas sensiblement différer de celui des affaires privées. Elle repose sur la croyance que les sociétés ou les relations entre les pays sont régies par des mécanismes d’auto-ajustement apparentés à ceux du marché. Les acteurs de la gouvernance se choisissent entre eux par cooptation, ne laissant à l’élection qu’une fonction résiduelle et marginale. La logique de cooptation s’applique particulièrement bien aux politiques sectorielles dans une perspective corporatiste. Les décisions prises sont toujours révocables et provisoires. Elles ne sont plus le produit d’un débat ou d’une délibération, mais le résultat de négociations entre les différentes parties. La gouvernance tend à se codifier selon des normes ou des codes de conduite ; plutôt que selon des lois votées en vertu du principe majoritaire ou issues d’une tradition jurisprudentielle (common law). La gouvernance est-elle destinée à remplacer la démocratie ou peut-elle se combiner avec elle ? Est-elle compatible avec la souveraineté de l’Etat ? Elle est désormais présente à tous les niveaux : local, régional, national, international, surtout dans l’Union européenne, mais aussi aux Amériques dans l’Alena. Elle est pratiquée dans les pays anciennement industrialisés et démocratisés. La Banque mondiale l’exige des pays pauvres. Elle est en prise avec la mondialisation. Sera-t-elle employée comme un auxiliaire de la modernisation, de la démocratie et de la paix ? Ou donnera-t-elle naissance, si nous n’y prenons garde, à une « après-démocratie », à un régime populiste menacé par le conflit des intérêts particuliers et/ou l’autoritarisme ?

Jean Weydert
14 juin 2005
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