Do not follow this hidden link or you will be blocked from this website !
Logo du site

La gauche n’a plus droit à l’erreur. Chômage, précarité, crise financière : arrêtez les rustines !

Pierre Larrouturou et Michel Rocard Flammarion, 2013, 368 p., 19 €

Curieux titre à la limite de la provocation… Mais le contenu – une analyse approfondie, détaillée, parfois touffue, de la crise européenne et française, de ses causes et des remèdes proposés – mérite l’effort d’une lecture attentive, tant les thèses essentielles sortent des sentiers battus. Ainsi l’analyse classique de la dérive « monétariste/libérale » est-elle fermement étayée par la mise en lumière du formidable détournement de valeur ajoutée (sur vingt-cinq ans) au détriment du travail et en faveur des détenteurs de capital : 45 000 milliards de dollars pour les quinze principaux pays de l’OCDE… L’exubérante instabilité des marchés devient une évidence ! Parallèlement, la montée du chômage apparaît étroitement dépendante des refus (ou du ratage…) d’une réduction générale et négociée de la durée réelle du travail, afin d’équilibrer l’envolée de la productivité sur une longue période. Dans l’Europe des Vingt-Sept enfin, la conjugaison d’une gouvernance à l’unanimité, d’une prééminence doctrinale de la concurrence et de l’absence d’avancée fédérative ne permet que des réactions tardives et insuffisantes face aux périls. Malgré quelques vues bienvenues sur le rôle majeur des États-Unis dans la crise (depuis 1971 !), sur les tentations bellicistes extrême-orientales et sur l’impératif écologique, l’impact central du rééquilibrage en cours au profit de l’ex tiers-monde, tant du point de vue réel que symbolique, paraît légèrement sous-évalué par les auteurs.

Henri Laurent
28 mai 2013
* Champs requis
Séparé les destinataires par des points virgules