C’est à partir de ses travaux sur l’Afrique que René Otayek, ancien rédacteur en chef de Politique africaine, aborde ici la question des rapports entre les identités collectives et la démocratie. Les identités particulières sont-elles incompatibles avec la démocratie et avec l’universel comme on a trop souvent tendance à le penser en France ? Il y a une revendication culturelle positive respectueuse et même fondatrice du lien social et national. A ce point de vue, une idéalisation sans nuances de la société civile à la mode libérale, accompagnée d’une dévaluation de l’Etat peut être néfaste. Ne l’est pas moins une conception de la laïcité assimilant à une loi universelle le confinement des cultures singulières et de la religion dans la sphère privée. Comment persister à ne voir que passéisme et archaïsme dans le fait identitaire alors qu’il s’inscrit résolument dans la mondialisation? Il s’y affirme comme un vecteur d’accès à l’espace public et à la citoyenneté. Si, dans plusieurs cas, il prend figure de repli frileux sur le local, n’est-ce pas parce que la mondialisation tend aussi à fabriquer de l’exclusion ? L’universalité du pluralisme culturel est certainement la chose la mieux partagée au monde. Il importe d’en assurer l’expression la moins conflictuelle possible en faisant fond sur la diversité des collectivités humaines.