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Entre Kant et Kosovo

Anne-Marie Le Gloannec et Aleksander Smolar Études offertes à Pierre Hassner, Presses de Sciences Po, 2003, 560 p., 40 €

« L’Occident était ou se croyait être dans le monde de Locke, avec des ouvertures sur le monde de Kant, il se retrouve dans le monde de Hobbes avec des ouvertures sur le monde de Nietzsche et sur celui de Marx ». Fin connaisseur des relations internationales, Pierre Hassner a eu cette heureuse formule pour caractériser l’évolution du monde telle qu’il la voit depuis la fin de la guerre froide. Cette observation a largement inspiré les 37 contributions rassemblées dans ce volume d’hommage. Notons que notre auteur n’est pas seulement un spécialiste de la politique internationale, mais aussi un familier de la philosophie, en particulier de Kant. Prenant sérieusement en compte l’existence de situations conflictuelles pendant comme après la guerre froide (des situations qu’il a vécues personnellement puisque, originaire de Roumanie, il s’est réfugié à l’Ouest), hostile à tout manichéisme, mais critique à l’égard de tout idéalisme naïf, il disait lui-même en 1990 que son travail consistait à « faire le pont entre Kant et Kosovo ». Les contributions à ce livre d’hommage de toute une série de penseurs politiques français et étrangers, trop nombreux pour être nommément cités ici, font bien apparaître la complexité des questions, la diversité des réponses s’inspirant, avec plus ou moins de nuances, de l’unilatéralisme ou du plurilatéralisme et les insuffisances de ces deux conceptions. Un éclairage utile est apporté sur les crises actuelles entre les Etats-Unis et la « vieille Europe », à l’intérieur de l’Europe, entre pays du Nord et du Sud, et sur la manière dont ces crises peuvent être surmontées ou au contraire aggravées. Un bel hommage à Pierre Hassner, défenseur de la paix.

Jean Weydert
14 juin 2004
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