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De la question sociale à la question raciale ?, Représenter la société française

Éric Fassin et Didier Fassin La Découverte, 2006, 262 p., 20 €

Le problème posé par cette réflexion plurielle est d’une importance théorique évidente et d’un poids politique certain : le racisme latent, ou déclaré dans des manifestations tragiques, est-il la version actuelle de la question sociale ? Les vieux militants ouvriers, pétris dans l’idéologie de l’internationalisme prolétarien, ne pourraient voir dans le déplacement de la question qu’une manière de détourner l’attention de l’exploitation capitaliste. Cependant, médias et politiciens aujourd’hui font davantage cas des affrontements racistes que de la lutte des classes. Car le racisme ne naît plus uniquement d’une population ignare, encore dans la caverne d’un obscurantisme littéralement incompréhensible par les Lumières qui brillent depuis bientôt trois siècles : la science biologique et les anthropologues ont depuis longtemps mis hors-jeu la notion de race. Le racisme ne s’en manifeste pas moins, non seulement dans les classes laborieuses mais aussi chez les politiciens qui, tous, pensent devoir dire leur phrase sur le sujet. Le principal apport de ces études croisées gît dans une idée simple et féconde : le racisme, en France notamment, n’exprime pas une identité qui se cherche en s’opposant ; il est la réaction violente contre diverses formes de discriminations. La reconnaissance exacerbée du fait discriminatoire devient ainsi le véritable enjeu de la société individualiste engendrée par un système que personne ne semble pouvoir maîtriser. Quoi qu’en pensent les coordinateurs de l’ouvrage, la discrimination positive ne saura pas, à elle seule, juguler les soubresauts qui s’annoncent.

Yann Galenna
6 juin 2012
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