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Comment le capitalisme nous infantilise

Benjamin Barber Fayard, 2007, 524 p., 23 €

Le procès du consumérisme est mené depuis longtemps. Le mérite de ce volume est ailleurs. Le lecteur est emporté par un flot bouillonnant (finalement un peu ennuyeux) d’exemples tirés surtout des États-Unis, où la mode, les jeux vidéo, Internet et Hollywood prennent une place majeure. Bons et mauvais points sont distribués avec assurance. Surnage la thèse assez simple et qui mérite examen : le capitalisme d’aujourd’hui se nourrit des consommateurs solvables, et non pas des besoins les plus criants des populations insolvables. Dès lors, solliciter les enfants présente un double avantage : on assure la relève des consommateurs et l’on favorise une stratégie planétaire. En misant sur l’autonomie plus ou moins factice de l’enfant consommateur, le consumérisme en produit le corollaire inversé : il infantilise le consommateur adulte plongé dans un monde virtuel sans altérité humanisante. Bref, ce programme défait ce que les Lumières proposaient d’établir : l’accession à l’âge adulte d’une humanité éclairée. Le postulat qui autorise cette analyse se résume aisément : prenant la place de la démocratie républicaine la démocratie économique du marché est celle des consommateurs, réputés libres de leurs choix, élisant par leurs achats les biens et services qui leur conviennent. L’auteur salue au passage les mouvements de consommateurs qui infléchissent les stratégies d’entreprises, tout en préférant la réglementation étatique… qui se heurte à la mondialisation. Le lecteur comprend vite l’argument. Mais il comprend aussi vite que cette accumulation de faits cache un déficit d’argumentation. L’auteur aurait gagné en puissance de conviction par une lecture rigoureuse des contradictions internes des appareils réglementaires.

Étienne Perrot
13 juin 2007
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