Christianisme et idéologie au Japon, XVIe-XIXe siècle
Pierre Dunoyer Cerf, 2012, 236 p., 25 €Ce livre complète l’Histoire du catholicisme au Japon (1543-1945), ouvrage publié au Cerf en 2011. Il montre que, dès les premiers Tokugawa au début du XVIIe siècle, l’antichristianisme au Japon n’a pas d’abord un objectif religieux. Faisant croire à un ennemi insaisissable et dangereux, il visait surtout à asseoir un pouvoir à l’aide d’une idéologie politique forgée de toutes pièces. Le christianisme a donc été interdit, non parce qu’il était étranger, mais parce que, s’opposant aux systèmes des lois et des châtiments, il menaçait des relations sociales garantes de stabilité. Au XXe siècle, l’idéologie impériale de l’ère Meiji a reproduit les méthodes et les techniques de l’impérialisme occidental ; mais pour signifier son opposition au même Occident, il a également utilisé l’antichristianisme, devenu fondement de l’identité nationale. Chacun sait où cela a mené en 1945. La présentation des principaux textes de ce discours antichrétien, dont le but était le contrôle des masses populaires, fait la richesse du livre de Pierre Dunoyer. Il s’inspire des historiens japonais qui, aujourd’hui, remettent en cause l’antichristianisme de l’État en tant que base essentielle de l’histoire de la nation. Un regard stimulant, qui renouvelle la compréhension de ce pays.
26 mars 2013