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Au bonheur des tours

Dan Ferrand-Bechmann L’Harmattan, 2020, 150p., 16,50 €

Écrit sur un ton de roman qu’on lit d’une traite et qui nous instruit avec légèreté, ce livre se propose d’allier récit populaire et informations chiffrées, ainsi absorbées sans effort. Dan Ferrand-Bechmann nous introduit de manière vivante, imagée et sociologique à la fois, dans des questions de portée générale : celles que pose en termes sociaux, économiques et urbains le choix architectural des immeubles de grande hauteur et de la densité verticale. Le livre s’adresse au grand public comme aux connaisseurs. De prime abord, c’est l’histoire d’une tour, « Antoine et Cléopâtre », dans le 13e arrondissement de Paris, dont on rappelle le contexte historique de la construction, peu avant l’interdiction par Valéry Giscard d’Estaing, d’immeubles au prospect élevé en 1977. Les difficultés réglementaires et administratives sont évoquées. Mais, surtout, une large part est faite aux interrelations qui se développent au sein de la tour, dont les habitants deviennent un « groupe sociologique » à part entière (y compris dans la succession des générations). Sont aussi interrogées les relations qui s’instaurent avec le quartier, en pleine transformation. Des perméabilités qui rythment à la fois la vie des résidents et la mobilité urbaine.

Les péripéties – animations internes, transformations des appartements pour répondre à des modes de vie liés à la composition familiale ou à la mode, mixité sociale ou regroupements affinitaires, départs et retours, transmissions… – nous font pénétrer dans le quotidien de cette vie à la verticale. On comprend vite que la tour Antoine et Cléopâtre, certes datée et particulière, renvoie à la question générale de la vie verticalement concentrée par rapport à celle de la ville étalée. Dan Ferrand-Bechmann pose ainsi la question des formes architecturales et urbaines dans leur contexte historique, géographique et sociologique. On s’aperçoit alors que le livre – qu’on a lu comme un polar et dont les formules parlantes, voire poétiques, enrobent quantité d’informations techniques, juridiques et administratives – renvoie à des interrogations d’actualité dans toutes les villes du monde.

Sylvie Clavel
9 juillet 2020
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