La mondialisation semble avoir provoqué, sinon la disparition, du moins un certain effacement des frontières. Or les positions et les partis « populistes » (au sens large) militent aujourd’hui pour leur réaffirmation : va-t-on assister à un « retour » des frontières ? Les contributions réunies dans cet ouvrage analysent dans une première partie les politiques qui ont des conséquences sur la conception et la gestion des frontières. Ainsi le référendum d’indépendance catalan qui pourrait catalyser une création de frontière, ou bien les incertitudes écossaises entre autonomie et indépendance, avec les doutes sur la frontière entre l’Écosse et l’Angleterre. La seconde partie porte sur les relations des réfugiés et des migrants avec la frontière. Une excellente contribution d’Antoine Pecoud analyse les enjeux du recueil et de la publication des statistiques des morts aux frontières, – cantonnées au niveau des organisations non-gouvernementales, elles n’engagent pas encore la responsabilité des États. Enfin, la troisième partie examine les relations à la frontière : débordant les seuls États, elle relie autant qu’elle sépare, crée des identités autant qu’elle en procède. Mathieu Cimino explore l’idéologie spatiale de l’État islamique à travers ses revendications territoriales et l’enseignement de la géographie qu’il a tenté de mettre en œuvre. Et Damien Simonneau revient sur les positions et les actions des « pro-barrière » en Israël et en Arizona. Au total, penser qu’il s’agisse d’un « retour » des frontières relève plutôt d’une double illusion. Leur abolition ou leur effacement n’est pas l’avènement d’une société globale et heureuse. Par ailleurs, les frontières qui reviennent ne sont plus « westphaliennes » ; en réalité, elles évoluent et se transforment en filtres plus ou moins serrés et discriminants. Cette transformation reflète une autre mutation : celles des sociétés nationales.