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Quel lycée au XXIe siècle ?

Philippe Nemo (dir.) De Boeck Supérieur, 2017, 240 p., 22 €

Au moment où la continuité bac -3 / bac +3 entre à un rythme accéléré dans une phase de concrétisation avec la réforme annoncée du baccalauréat, couplée à la loi sur l’orientation et la réussite des étudiants, le dernier livre de Philippe Nemo vient mettre en garde contre la précipitation. Ne mettons pas la charrue avant les bœufs et prenons le temps de réfléchir. L’amélioration du lycée est loin d’être en premier lieu une question de diversification d’un cursus ou de nature des épreuves à l’examen final. Les résultats français par rapport aux évaluations internationales montrent que c’est tout notre enseignement fondamental qui ne se porte pas bien et même de moins en moins bien et ce, dès le primaire. À cette question, le livre dirigé par Philippe Nemo répond d’une façon détournée, en la prenant à revers. Si des scientifiques et experts pouvaient se pencher sur les programmes du collège et du lycée avec leur expérience d’une pratique professionnelle, que voudraient-ils y mettre ? Quelles seraient leurs propositions ? Tel est le propos. Le livre n’est donc pas critique, sinon indirectement. Ce n’est pas là xième déploration de la fin du lycée d’antan : c’est un livre utopique. Le mot est employé à plusieurs reprises. Philippe Nemo a réuni des spécialistes de chacun des disciplines enseignées au second degré, et il leur a proposé le même défi : décrire un programme « idéal », très concrètement, en descendant de leur chaire pour expliciter les attentes et envisager des progressions, classe après classe, de la 6e à la Terminale. Ce jeu place les auteurs dans des situations inégales. On voit ceux des chapitres dédiés aux disciplines littéraires et aux humanités (français, histoire, géographie, langues anciennes, langues vivantes, arts) retourner aux fondamentaux légués par la tradition, en s’efforçant d’en montrer l’intérêt à nouveaux frais. La surprise apportée par le livre n’est pas là. Elle est dans les chapitres écrits par les scientifiques : Laurent Lafforgue, pour l’enseignement des mathématiques ; Cédric Deffayet pour celui de la physique et de la chimie ; Yves Barral pour l’enseignement des sciences de la vie et de la terre. Pleins d’intuitions pédagogiques, leurs chapitres font saisir à quel point ces enseignements pourraient être passionnants s’ils étaient conçus de façon à rencontrer les interrogations des élèves. « La condition de la transmission est l’interrogation », rappelle Jean-Noël Dumont, auteur du chapitre consacré à l’enseignement de la philosophie. Or cette condition est régulièrement négligée, comme en témoigne, entre autres, le programme de philosophie, justement.

Françoise Lorcerie
18 juin 2018
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