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Prospérité, puissance et pauvreté. Pourquoi certains pays réussissent mieux que d’autres

James A. Robinson et Daron Acemoglu Markus Haller, 2015 [trad. de l’anglais par Patrick Hersant], 640 p., 29 €

« Pourquoi certains pays réussissent mieux que d’autres ? » Le sous-titre résume parfaitement la question centrale à laquelle les auteurs s’efforcent de répondre. Et leur ambition est grande ! Daron Acemoglu et James A. Robinson se proposent d’expliquer les causes des inégalités de richesse entre pays sur tous les continents. Réfutant, à l’aide d’exemples convaincants, les thèses géographiques et culturelles ainsi que les discours qui font porter la responsabilité des échecs économiques sur l’ignorance des dirigeants, les deux essayistes américains tournent leur regard vers les institutions politiques et économiques pour rendre compte de la variété des destins nationaux. La thèse défendue est fondée sur une distinction simpliste – les auteurs le reconnaissent –, mais éclairante pour saisir la dynamique des inégalités mondiales : d’un côté, un modèle institutionnel « inclusif », fondé sur l’État de droit (droit de propriété, liberté individuelle, accessibilité des marchés et, dans sa forme la plus aboutie, système politique démocratique), dans lequel la population d’un pays se trouve intéressée à la prospérité nationale ; de l’autre, un modèle « extractif » caractérisé par la négation des droits économiques et politiques où la richesse nationale est capturée par l’élite au pouvoir. À partir d’une trentaine d’exemples, choisis sur tous les continents et à toutes les époques – de l’empire inca aux dragons asiatiques –, Daron Acemoglu et James A. Robinson s’appliquent à montrer l’influence des institutions économiques et politiques (inclusives ou extractives) sur la courbe de richesse des pays. La thèse, certes bien étayée par des cas empiriques, est pourtant discutable, affaiblie en particulier par sa prétention universelle. En dehors de la colonisation, la question des relations internationales entre les pays est complètement absente de ce modèle explicatif, qui se focalise sur des facteurs endogènes de prospérité ou de pauvreté. Reste qu’il s’agit d’une contribution importante pour la compréhension des inégalités entre les pays, par la somme d’informations offertes à l’analyse comme par la grille de lecture qui leur est appliquée.

François-Xavier Connen
29 juin 2016
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