Cet ouvrage scientifique en contient deux. Le premier a une dimension programmatique : la vingtaine d’auteurs, venant des sciences humaines et sociales, de l’agronomie et de la biogéochimie, auto-désignés comme « le collectif des chercheurs d’Aussois », font l’éloge d’un champ émergent, celui de l’écologie territoriale. Ils insistent beaucoup sur une interdisciplinarité, qu’ils veulent « radicale » – tout en relevant que, au final, le nombre de disciplines mobilisées était sans doute insuffisant pour leur premier terrain. La partie méthodologique et épistémologique (les auteurs se démarquent notamment des écologies urbaine et industrielle) a donc la part belle. Ils analysent le territoire dans ses dimensions matérielles (environnement, infrastructures, cycles biogéochimiques, etc.) et idéelles (représentations, identité, etc.), dans une approche systémique à travers les notions de métabolisme et de régime socio-écologique. Le second livre a la dimension d’une monographie : le village d’Aussois, en Savoie, est étudié sous différents angles, de la création de richesses à son métabolisme énergétique, en passant par l’étude intéressante de son système agro-alimentaire, à travers les flux d’azote et les flux financiers. L’analyse géographique est fine : la trajectoire socio-écologique d’Aussois se distingue de la Haute-Maurienne (elle-même distincte de la Maurienne), tout en étant liée aux évolutions nationales, européennes (notamment dans le domaine agricole) et internationales ; la mise en perspective historique est intéressante. Si le style est laborieux, des figures et des tableaux permettent de synthétiser les propos. Cet ouvrage permet d’interroger la notion de transition, extrêmement utilisée aujourd’hui, et montre l’intérêt d’un travail collectif au service d’une approche territoriale exhaustive.