Alors que le gouvernement vient de publier son premier rapport sur dix nouveaux indicateurs de richesse, Éloi Laurent et Jacques Le Cacheux s’intéressent, dans Un nouveau monde économique, aux manières de mesurer le bien-être des sociétés. Les auteurs ne s’attardent pas sur la genèse des remises en cause du produit intérieur brut (Pib). Ils proposent plutôt d’aborder des aspects centraux du bien-être et de la soutenabilité (l’emploi, l’éducation, la santé, le bonheur, l’usage du temps, la confiance, l’environnement…) à l’aune d’autres indicateurs économiques. Bien que souvent simples, on constate combien ces indicateurs mettent en lumière des réalités dont le Pib ne saurait rendre compte. Ainsi ne s’agit-il pas de seulement montrer que le PibB est contestable, mais bien de convaincre qu’il faut se saisir d’indicateurs alternatifs déjà disponibles et nettement plus informatifs. Au-delà de cette critique, l’enjeu est d’éviter « le divorce démocratique ». Il est nécessaire en effet pour la démocratie que l’état des choses soit fidèlement pris en compte par les instruments qui guident le gouvernement. Éloi Laurent et Jacques Le Cacheux insistent cependant sur le fait que les indicateurs de bien-être ne doivent pas être conçus comme des outils purement descriptifs et quantitatifs. On ne saurait substituer aux choix politiques et idéologiques la suprématie de la numérologie. L’opportunité que représentent ces indicateurs relève surtout de leur appropriation démocratique, seule à même de faire bouger les lignes.