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Manifeste des écologistes atterrés

Lucile Schmid et al. Éditions Temps présent, 2015, 100 p., 7,50€

Voilà un livre court, dense, une suite de petits paragraphes souvent percutants, et toujours ciselés. Il est brûlant d’actualité, ce manifeste de militants « atterrés », au moment où les questions d’écologie sont sur le devant de la scène mais où, simultanément, « jamais, après 40 ans d’existence, les partis verts n’ont semblé si peu compter en France et en Europe ». Son intérêt est dans l’expression d’une conviction réfléchie et d’une volonté de dépasser « l’amertume de l’échec de l’aventure du mouvement ». Le manifeste s’adresse à tous ; ceux qui ne militent pas dans un parti y trouveront un regard lucide sur une telle pratique politique ; les militants d’Europe Écologie – Les Verts (EE-LV), ou d’autres partis qui partagent avec eux des majorités municipales ou départementales, y verront des raisons de continuer à militer, peut être autrement. Lucile Schmid, Édouard Gaudot et Benjamin Joyeux rappellent d’abord combien l’engagement à EE-LV est « lourd et total », lié à une remise en cause « radicale » du système. Pas de référence à une conscience de classe, ni de conscience innée de l’écologie : « On ne naît pas écologiste, on le devient ». Le manifeste n’utilise pas le mot de « conversion» ; pourtant c’est bien de cela qu’il s’agit. Intéressante aussi est la description des trois portes d’entrée dans l’écologie politique. Les développements sur les années récentes (le succès aux élections européennes de 2009, la participation au gouvernement en 2012, puis la sortie en 2014) éclairent le cheminement de l’écologie politique à travers les logiques d’appareils. On peut regretter que la conviction d’un nécessaire fédéralisme européen soit abordée trop brièvement. L’insistance porte sur l’abandon nécessaire d’un discours politique fondé sur « le retour d’une croissance parée de toutes les vertus ». La dernière partie, « Ce qui est urgent », avance des propositions : conduire un grand débat national sur les enjeux écologiques avec une consultation démocratique, rechercher un consensus sur les questions les plus urgentes, mettre l’écologie au cœur des décisions publiques au même titre que les considérations budgétaires de court terme. Manière d’en appeler à une forme politique nouvelle, qui se cherche encore, en tournant la page du parti.

Pierre Duclos
11 décembre 2015
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