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Capitalisme & démocratie. Autour de l’œuvre d’Axel Honneth

Christophe Bouton (dir.) Le bord de l’eau, 2015, 372 p., 20 €

Axel Honneth appartient à un courant de pensée qui, à la suite d’Adorno et Horkheimer, puis d’Habermas, s’efforce de promouvoir une « théorie critique » soucieuse, non seulement de comprendre notre monde, mais aussi de le transformer. Son attention se focalise sur les « pathologies du social », qu’il comprend comme relations ou évolutions portant atteinte aux conditions de réalisation de soi. De La lutte pour la reconnaissance à son opus magnum, Le droit de la liberté, les diverses traductions ne cessent d’attirer l’attention de ceux que la question sociale et politique préoccupe. Auteur prolifique, capable, comme ses prédécesseurs, de croiser sa discipline avec différentes sciences sociales, le philosophe allemand développe une œuvre à la fois féconde et stimulante. Après une réflexion d’Axel Honneth, lui-même, sur la question de l’éducation en démocratie, l’ouvrage se développe en trois parties : I. Critique du capitalisme, II. La reconnaissance en débat, III. Repenser la démocratie. Le livre reprend, avec finesse, les thématiques de la philosophie sociale d’Axel Honneth : travail, émancipation, solidarité, reconnaissance, liberté, normativité, domination, démocratie. Explicitement ou non, la catégorie de « réification » traverse une partie importante des contributions : « La réification, souligne en ce sens Fabienne Brugère, c’est tout autant le travailleur malmené dans son métier que la fille d’immigré dont le nom fait mettre le curriculum vitae de côté par les employeurs, le mauvais élève que l’on installe au fond de la classe, la femme victime de harcèlement sexuel ou moins bien payée que son collègue masculin alors qu’elle accomplit le même travail ». Soucieux de prolonger la pensée du philosophe allemand sans s’enfermer dans une posture hagiographique, les auteurs développent une critique du capitalisme portée par une dynamique d’émancipation. Qu’il s’agisse de la question des inégalités sociales, du travail, des femmes ou de la solidarité, mais aussi du débat avec Habermas ou du croisement avec d’autres courants philosophiques – hégélianisme, pragmatisme –, ce livre collectif, fruit de rencontres et de confrontations, offre à nos démocraties malades une occasion de penser et d’approfondir les voies ouvrant à un processus de libération. On saluera au passage, parmi les auteurs, tous philosophes, la contribution du sociologue François Dubet.

Fred Poché
29 octobre 2015
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