Sous forme d’une interview où questions et réponses s’enchaînent à travers les voix de Pauline Mispoulet et Raphaële Yon-Araud, deux professionnelles engagées dans la transition énergétique, Énergie et prospérité dresse un bilan sans appel du système énergétique français actuel. Un État structurellement juge et partie (par son implication actionnariale) dans les grands groupes anciennement monopoles, une filière trop intégrée d’amont en aval (la concentration est menée par ces mêmes groupes aux dépens d’une offre qualitative pour les particuliers) et des dysfonctionnements qui empêchent les instruments d’économie d’énergie d’être vraiment opératoires sont autant d’entraves à l’avènement d’un nouveau modèle énergétique. Or la révolution du numérique pourrait être un puissant levier de changement. Dans ce contexte, les petites et moyennes entreprises (PME) pourraient, selon la présidente du Gesec (un groupement de 350 PME proposant des services énergétiques dans le bâtiment), devenir le fer de lance de cette transition, car d’une part, ce sont elles qui constituent en France le plus grand vivier d’emploi et de valeur ajoutée, et d’autre part, elles ont en mains les leviers microéconomiques de cette transition. Ainsi les services énergétiques dispensés par des PME sont-ils souvent plus efficaces, plus rentables que ceux des grands groupes, car ils ne sont pas en conflit avec une autre activité de vente d’énergie, aux intérêts clairement antagonistes et remplissent vraiment leur promesse d’économie. Pourquoi, dès lors, ne pas faire confiance à leur capacité d’atteindre un meilleur rapport qualité/prix, de dynamiser l’emploi et d’apporter une réponse concrète aux enjeux énergétiques et climatiques ?