Do not follow this hidden link or you will be blocked from this website !
Logo du site

Monnaie, finance et économie réelle

Anton Brender, Émile Gagna et Florence Pisani La Découverte, 2015, 128 p., 10€

Dans l’excellente collection « Repères », Anton Brender, Florence Pisani et Émile Gagna, connus pour leurs ouvrages intelligents et précis, fournissent ici un argumentaire capable de justifier un encadrement public de la finance mondialisée. Loin des jugements à l’emporte-pièce, sont montrées les fonctions de la finance, non seulement la gestion de la monnaie et le crédit à l’économie, mais encore – ce que les contempteurs de la finance oublient systématiquement – la gestion des risques. Celle-ci est pourtant la seule justification de la rémunération des créanciers ; reste à vérifier que cette rémunération aille bien à ceux qui prennent les risques, et non pas aux intermédiaires suffisamment malins pour les transférer sur d’autres. Les ajustements monétaires en fonction des besoins des acteurs économiques, tout comme la correspondance entre l’épargne et l’investissement, ou la répartition des informations et des risques entre des horizons de temps qui diffèrent selon les acteurs économiques, appellent une régulation publique. La raison en est évidente : l’incapacité des acteurs privés à savoir quels équilibres ils contribuent à générer ou à détruire. Est prise en défaut une fois encore l’idéologie dominante, qualifiée de néolibérale (mais ne s’agit-il pas tout simplement du vieil esprit rationaliste individualiste des Lumières ?). Déplaçant la question sur le terrain moral, même si ce n’est pas explicitement celui des auteurs, cet ouvrage montre à frais nouveaux que l’intérêt général n’est pas la somme des intérêts particuliers.

Étienne Perrot
15 juin 2015
* Champs requis
Séparé les destinataires par des points virgules