Le titre provocant de cet ouvrage de (bons) journalistes recouvre de fait la thèse bien connue d’une monnaie externe commune, autorisant à la fois des ajustements internes négociés au sein de l’Union européenne et une devise commune fluctuant dans le grand marché mondial. Comme souvent, l’analyse critique du passé (160 pages sur 230), fouillée, précise, presque « inexorable », est la plus convaincante, en particulier dans la mise en lumière de processus de décision… fort peu démocratiques ! Ainsi la dénonciation des lacunes, aveuglements et renoncements ayant émaillé le déroulement des crises financières et budgétaires depuis 2006 donne un tableau assez consternant de la division inefficace des responsables face aux « forces du libre marché » : ce sont eux – entraînés par une doxa rigide et inadaptée – plus encore que la monnaie unique, protectrice par son existence même, levier fédérateur, réel mais éprouvant, que met d’abord en cause ce pamphlet revigorant.