Marie-Angèle Hermitte est juriste, directeur de recherche au CNRS et directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales. Elle s’entretient dans ce livre passionnant avec Francis Chateauraynaud, qui a fondé le Groupe de sociologie pragmatique et réflexive. Ils revisitent ensemble plus de quarante ans de recherches atypiques et audacieuses, autour de sujets marqués par « la diversité et l’urgence ». Avec le recul, on peut dire que l’auteure aura assumé un rôle de « passeur entre science et société ». Musicienne, elle se passionne en faculté de droit pour la jurisprudence, ces « histoires de vie qui composent, année après année, un fabuleux observatoire de la vie sociale ». Spécialiste du droit européen et de la concurrence, puis des contrats dans l’industrie, elle a travaillé sur le terrain (en Algérie notamment), mais s’est surtout consacrée aux biotechnologies et au « droit du vivant ». À partir du végétal et de l’innovation en cette matière, elle s’est intéressée au corps humain et à ses produits (comme le sang), aux animaux et, de proche en proche, à toutes les formes de vie, même potentielles. La notion de « sujet de droits » lui a semblé particulièrement féconde et elle a toujours essayé de « proposer des hypothèses dérangeantes pour en observer les conséquences : ainsi de l’hypothèse des droits des générations futures ou de la nature sujet de droit ». Biologie et droit, « brevetabilité du vivant », droit de l’environnement et biodiversité, embryon, génie génétique, principe de précaution, lanceurs d’alerte… tous ces thèmes sont abordés avec intelligence et clarté. Ils témoignent d’un parcours hors-norme et, sans doute, exceptionnel.