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Histoire du hasard en Occident

Jean-Marie Lhôte Berg International, 2012, 246 p., 19 €

Le hasard apparaît comme un événement capricieux, extravagant, étrange. Une « étrangeté soudaine, génératrice de conséquences imprévisibles touchant l’identité ». Pour l’auteur, historien des jeux reconnu, l’homme a d’abord été « hasardeux », en commençant à cultiver les instruments de ses hasards (par exemple pour le « pile ou face », dont il est difficile de situer l’origine, chez les néandertaliens ou les sapiens). On découvre ensuite la place très importante du hasard chez les Grecs et les Romains. Hasards de la guerre, des naissances, des humeurs et des rumeurs, du jeu, des techniques… Les responsabilités politiques peuvent être tirées au sort et Cicéron exprime l’idée que « la vie est gouvernée par la Fortune, non par la sagesse ». Pour le christianisme en revanche, la Providence est d’abord une bénédiction divine. Les trois fondements de la nouvelle religion sont bien la prédestination, la grâce et le libre arbitre. L’homme est devenu un « homme de destin » et il peut y avoir des « hommes providentiels ». Pourtant, le développement des jeux, notamment des cartes à jouer, induit toute une culture à la fois populaire et savante. À la fin du XIVe siècle, l’homme découvre les probabilités et devient lui même « improbable ». Il s’agit d’évaluer le hasard et l’on voit les loteries se multiplier. Le point culminant est celui de la théorie des jeux en 1944. La notion de « Fortune » continue cependant d’exister. Et après ? L’homme est devenu « homme téméraire » le 6 août 1945, avec la bombe atomique lancée sur Hiroshima. « Le pari est son sésame, la tricherie son adjuvant. » Il s’agit de parier, parier et parier encore, en économie, dans les mœurs, les arts, les religions elles-mêmes. Un livre particulièrement documenté. Un livre pessimiste.

Camille Renouard
2 juillet 2013
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