Il y a urgence. La protection de l’environnement naturel et de l’environnement individuel (la vie privée, fragile comme le cristal) vont de pair. À un horizon proche, les dispositifs de traçage seront devenus quasiment invisibles et nous vivrons dans une société dans laquelle il sera impossible de travailler, se divertir, se déplacer, vivre tout simplement, sans être étiquetés. Les techniques du numérique permettront de détecter nos goûts et nos envies, d’analyser nos fréquentations. Il ne s’agit pas de science-fiction, mais de la description d’une situation complexe et de grande urgence. Citoyen, sénateur du Nord et ancien président de la Commission nationale informatique et libertés (CNIL), l’auteur témoigne d’un profond sentiment de malaise et choisit d’alerter. Des phénomènes et des événements comme l’informatisation globale de la planète ou le 11-Septembre ont eu des répercussions considérables sur l’équilibre précaire et démocratique entre sécurité et liberté. Nous nous accoutumons à la perspective de vivre dans une « société de surveillance », une évolution d’autant plus préoccupante que nombre des dispositifs mis en place sont largement irréversibles. Il importe donc d’être systématiquement vigilant face au risque d’« intrusivité ». Alex Türk s’arrête particulièrement sur les cas de la biométrie, de la géolocalisation, de la vidéosurveillance, d’internet. Parmi les voies pour se protéger, il en explore plusieurs : celle de la pédagogie, celle du droit, notamment face à la pression américaine, qui met en avant une autre conception de la vie privée. Il détaille enfin l’action de la CNIL, dont le rôle est à soutenir. Il est encore temps d’agir. Un livre nécessaire.