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L'homme selon le DSM. Le nouvel ordre psychiatrique

Maurice Corcos Albin Michel, 2011, 235 p., 20 €

Le DSM (Diagnostic and Statistical Manual) se présente depuis 1952 comme le manuel américain des troubles mentaux. Il accumule et classifie le plus possible de données objectives se prévalant d’une approche purement descriptive de la pathologie mentale. Il se veut scientifique, a-théorique, pragmatique, un « work in progress » qui se renouvelle au fil des éditions (1952, 1968, 1980, 1994, DSM V aujourd’hui). Construit pour que les chercheurs des différents pays puissent travailler sur une base de critères commune, la majorité de la psychiatrie française s’y réfère désormais. Psychiatre et psychanalyste, le professeur Maurice Corcos s’interroge pourtant sur le produit d’une idéologie qui déshumanise à la fois la médecine et l’homme, avec l’appui des pouvoirs publics, à qui il peut offrir un moyen efficace de contrôle gestionnaire. Il refuse le « fourvoiement que constitue, dans le champ d’investigation qu’est la pathologie mentale, la captation par la science mathématique du psychisme humain ». Il y voit un écueil directement opposé à celui de la psychanalyse triomphante des années 1950-1960. D’ou l’invitation à faire attention d’abord au sujet, à la personne, à ne pas assimiler la souffrance à une faiblesse. « Au diable la réduction des existences à de simples accidents biologiques ! » Quel équilibre trouver entre toutes les approches thérapeutiques ? Si le DSM paraît nécessaire, il ne saurait être suffisant. Ne serait-il pas aussi le symptôme d’une société malade, tentée de réduire la complexité à un diagnostic ? Disposant d’atouts financiers et médiatiques importants, ne risque-t-il pas d’être utilisé pour modéliser, prédire, voire sélectionner tous les « déviants » ?

Camille Renouard
8 février 2012
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