Quel est l’esprit de nos sociétés occidentales actuelles ? C’est ce que nous propose de découvrir cet essai à travers la figure-type du consommateur, à l’instar de la proposition d’Ernst Jünger de voir en l’homme de la première moitié du XX^e siècle le travailleur acharné à transformer le monde. Laurent Fourquet dévoile ainsi une vision cohérente de l’homme contemporain comme un être-pour-consommer, vivant le monde sous le mode de l’appropriation pour sa propre jouissance. Chemin faisant, il dénonce quelques fausses évidences en montrant combien les grandes idées telles que la tolérance, la libération ou le politiquement correct sont des constructions idéologiques. Il dépeint de manière suggestive (en dépit de certains jugements hâtifs, comme l’assimilation de l’écologie à l’idéologie consumériste) un monde où la question du sens est bannie, laissant l’homme dans un état de lassitude et de frustration. L’enjeu est de savoir comment s’opposer à cette figure. Si l’idée de remonter jusqu’à ses fondements métaphysiques semble prometteuse, le résultat paraît cependant un peu court : peut-on vraiment tout expliquer par l’influence du nietzschéisme ? On s’interroge sur la vision du « combat à venir » sous le mode christique d’une élite en butte à toute la société. Cet essai constitue malgré tout une aide bienvenue pour convertir notre rapport au monde dans le sens d’une présence gratuite aux autres.