Cet ouvrage d’une haute probité intellectuelle exige une certaine ténacité de la part du lecteur. Le vocabulaire est précis, riche mais parfois peu digeste. Le style n’est pas aidé par la traduction. C’est dommage, car ces « réflexions » dépassent de beaucoup les habituels poncifs sur la disparition des « grands récits » et la perte du sens dans la société industrielle et postmoderne. Pour mener à bien son projet, Fabio Merlini passe en revue les lieux où se manifeste la perte d’identité ressentie par nos contemporains. La culture et le savoir, la durée, le futur, l’innovation, la perte de mémoire, la marchandise, la communication et, last but not least, les relations agonistiques. Chemin faisant, l’auteur montre combien fallacieuse est l’idée d’une mondialisation fauteuse d’universalité. Le rapport au monde devient au contraire plus spécifique, plus localisé et plus éphémère (ce qui ne veut pas dire plus factice). En prenant au sérieux la contingence anthropologique et historique, l’auteur réussit à dresser un figure significatif de l’homme contemporain écartelé entre son identité et la praxis que lui impose le monde.