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Faire l’économie de la haine. Douze essais pour une pensée critique

Alain Deneault Montréal, Écosociété, 2012, 117 p., 14 €

Il s’agit d’un recueil de textes d’un jeune universitaire canadien, docteur en philosophie et professeur de sociologie. L’auteur réfléchit sur l’état des démocraties occidentales, entre « gouvernance » des experts, censure et autocensure, marketing manipulateur, poursuites judiciaires dissuasives (« poursuites-baillons » québécoises, dont lui-même a fait l’objet pour son livre Noir Canada). Les mots ne veulent plus rien dire et on empêche ceux qui ne font pas partie de l’élite ou des médias de « penser » et de « vouloir » clairement, donc d’être des acteurs de la politique : il n’y aurait plus d’alternative, plus de possibilité de « faire autrement ». Les experts dominent. S’agissant des paradis fiscaux, dont il est spécialiste, Alain Deneault dénonce l’illusion d’une solution purement technique. Le Québec perd à cause d’eux des milliards de dollars par an, alors même que l’adversaire est en Amérique même. Plus de 850 000 entreprises ont par exemple leur siège juridique au Delaware, un état américain de 800 000 habitants, qui garantit aux investisseurs étrangers le secret bancaire et un taux d’imposition nul ou dérisoire. Des négligences industrielles à caractère discriminatoire ou raciste conduiraient à des « génocides involontaires », ainsi dans les filières minières ou pétrolières (voir Texaco en Équateur et la disparition des populations tetete et sansahuari). Quant au sport professionnel, il est devenu une mise en scène du monde et une métaphore du capitalisme. Il faut briser « le silence et l’obscurité ». Ce petit livre stimulant s’y emploie.

Camille Renouard
9 juillet 2012
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