Les récentes révolutions arabes étaient-elles inscrites dans les données démographiques ? Telle est la question que pose ce petit livre, transcription remaniée d’une émission diffusée sur internet en mars 2011. Emmanuel Todd, historien, anthropologue et démographe, y montre comment les développements de la liberté et de la rationalité dans la vie familiale ont conduit à des bouleversements politiques. Il s’appuie sur trois grands paramètres : le taux décisif d’alphabétisation, le taux de fécondité et celui des mariages endogames (entre cousins). Comme souvent par le passé, la montée du taux d’alphabétisation et une baisse brutale de la fécondité ont engendré des crises de transition, sources de violences, sinon de révolutions. Pour autant, celles-ci ne mènent pas immédiatement au même idéal d’une démocratie libérale et leur premier effet peut être aussi bien l’émergence d’un régime autoritaire. Les derniers exemples arabes, après ceux de l’Iran et de l’Algérie, mais aussi ceux de la Russie et de la Chine, valideront ou invalideront l’hypothèse de l’universalité de la démocratie. Aux yeux de l’auteur, les religions, aussi bien l’islam que le christianisme, comme l’économie, sont des variables secondaires par rapport aux structures familiales (souvent patrilinéaires) et à la montée du niveau éducatif. Sa vision du monde est originale et nous parle aussi de nos sociétés occidentales, elles-mêmes en crise, vieillies, désormais sans croyance religieuse ni perspective.